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Loi Macron et permis de conduire : Les candidats encore oubliés !


Le permis de conduire auto et plus exactement la formation à la conduite est sur la voie de la réforme par le biais de la turbulente loi Macron. Concrètement, l'orientation de la réforme est une remise en cause de l'auto-école pour aller vers sa dématérialisation sur le net, avec au passage un changement d'acteur. Le candidat gagnera sans doute quelques euros tout d'abord avant d'être confronté à la réalité d'un système où c'est l’État qui est défaillant en réalité, bien avant l'auto-école.


En résumé, la loi Macron va révolutionner la formation à la conduite en permettant de se passer de la traditionnelle auto-école pour libéraliser le secteur et l'ouvrir à de nouveaux acteurs sur le net. L'idée est de pouvoir s'inscrire, s'évaluer, et ainsi de pouvoir prendre des cours de conduite avec des moniteurs indépendants auto-entrepreneurs en toute simplicité, avec pour finalité de faire baisser le coût de la formation.
Le schéma est donc identique à la bataille entre Taxi et VTC (Voiture de transport ou tourisme avec chauffeur), à la différence près que prendre une voiture avec chauffeur n'est pas tout à fait pareil qu’apprendre à conduire, l'enjeu est beaucoup plus important et si le prix «facial» de l'heure de conduite a toutes les chances de dégringoler, il faut savoir que le chemin vers le permis de conduire restera tout aussi compliqué et que le prix final pourrait varier assez peu, car le problème du permis en France est un trompe-l’œil.
A noter aussi que le chemin de cette réforme est encore long et qu’aucune application n’est envisagée avant 2016, délai qui permet encore quelques changements.

Sans auto-école, pas de formation concrète du moniteur

En réalité aujourd'hui le métier de moniteur indépendant n'existe pas, la future organisation va donc devoir le créer et surtout l'organiser. Ce n'est pas rien et si les réformateurs affirment que le diplôme Bepecaser est là pour garantir sur le papier la qualité de la formation, la réalité sur le terrain est bien différente.
Dans le secret des back-office des auto-écoles, tout le monde sait que le diplôme délivré par le Ministère de l'Intérieur est en réalité incomplet, obsolète et ne garantit pas un enseignement de qualité, ni même une universalité de la formation permettant justement au candidat d'être formé par plusieurs moniteurs.
Si nous avons déjà dénoncé dans nos colonnes cette réalité, il faut savoir que la véritable formation des moniteurs est faite effectivement par l'auto-école, elle-même sous l'impulsion et la motivation de ceux qui sont expérimentés, patron de l’établissement ou pas. Quel candidat, client d'une auto-école, n'a pas été confronté à des différences entre moniteurs, et quel jeune moniteur n'a pas connu l'impression d'être démuni face aux difficultés de certains de ses élèves et avoir l'impression de faire chuter le taux de réussite de son établissement lors de ses premières années de monitorat.
Le Bepecaser fait pratiquement l'impasse sur l'enseignement de la pédagogie et il n'existe aucune formation continue pour cette profession, incroyable vérité pour un métier de formateur à vocation sécuritaire.

En résumé, le Bepecaser sans expérience en auto-école n'est rien et présente finalement un risque pour les candidats de bénéficier d'un enseignement encore plus déconnecté de la réalité du permis de conduire. Les défenseurs du monde de l'auto-école n'avancent pas cet argument et prévoient pour leur part une sécurité routière en recul. L'argument n'est sans doute pas irrecevable dans un second temps.

Évalué par les élèves

L'autre problème posé par le monitorat indépendant est une absence de contrôle, rôle qui incombe également à l'auto-école. Dans le cas d'une dématérialisation par des plate-formes internet, chaque moniteur serait évalué par ses élèves clients.
Outre la question de la pertinence d'évaluer une formation pendant son apprentissage, l'expérience montre que les choix des élèves ne sont pas objectifs : un bon moniteur est simplement un moniteur cool. Il est évident qu'une hiérarchisation opérée par les élèves n'a que peu de valeur réelle.

Simple changement d'acteur

La faiblesse du Bepecaser est déjà actuellement objectivement l'une des raisons d'un permis compliqué et cher, opérer un changement d'acteur privé en passant de la traditionnelle auto-école à la plate-forme internet n'a aucune possibilité de modifier ce point, bien au contraire.
Après, le monde de l'auto-école surestime peut-être la portée de la mesure, l'inscription ou l'évaluation en ligne constituent peut-être une nouveauté pour lui, mais dont la portée serait techniquement assez rapidement réglée par des solutions clé en main offertes par les éditeurs du secteur.
En fait, en se projetant un peu, il est probable d'avoir effectivement des permis pas chers d'un côté, des permis plus chers, mais plus simples et plus efficaces d'un autre.

Pourquoi le permis de conduire est-il si compliqué en France ?

Le permis repose sur une équation unique avec une administration qui impose et édite sa réglementation, avant de déléguer au secteur privé (actuellement les auto-écoles) la formation concrète, et donc la relation avec le grand public, et avant de le sanctionner l’obtention finale du droit à la conduite par l'organisation de l'examen officiel. Le permis est compliqué et cher simplement en cumulant les désavantages des secteurs publics et privés et les aller-retour entre ces deux pôles.
Le coût du permis et la mauvaise image des auto-écoles résultent pour beaucoup de ce tour de passe-passe, mais aussi, et surtout, car elle est la seule partie visible pour le grand public de ce principe. L'orientation de cette réforme ne règle certainement pas tous les problèmes de la formation à la conduite et présente surtout le risque d’en créer de nouveaux... les candidats ont encore été oubliés !

Jeudi 1 Février 2018
Christophe Harmand



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