Tout savoir sur le nouveau permis moto depuis la réforme


L’accès à la conduite des deux-roues, moto et scooter, est intégralement réformé depuis le 19 janvier 2013, du 50 cm³ à la grosse cylindrée. Nouvelle catégorie (A2) intermédiaire pour les moins de 47.5 ch et accès à la grosse cylindrée, désormais réservée à des motards mieux formés grâce à une formation post permis. Une nouvelle possibilité est offerte pour passer tous les permis sur un véhicule automatique, notamment les maxi-scooters. Dans la foulée, l’examen est reformé notamment pour le plateau afin de suivre les évolutions techniques des machines et de mieux coller à l'utilisation après le permis.


Le 19 janvier 2013 a été une date charnière pour le permis moto avec une refonte totale de l’accès aux deux-roues motorisés. Cette reforme a pour vocation de suivre la directive européenne 2006/126/CE, mais aussi de prendre en compte les évolutions techniques des deux dernières décennies, car la dernière réforme du début des années 90 oubliait deux révolutions techniques : celle du freinage ABS pour les motos, et l’arrivée des maxi-scooters. Dans le détail, si la directive européenne impose les grandes lignes de la réglementation, elle laisse aux États des marges de manœuvre pour son application. L'évitement est, par exemple, une manœuvre imposée par la directive, et notamment les pays du nord de l'Europe, alors qu'elle est était décriée en France en étant effectué trop rapidement en plus d’être anticipée et non réalisée par surprise, et donc bien loin de la réalité d'une situation réelle sur la route.

La réforme du permis moto en France a été concrétisée au sein de la DSCR (Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routière) par Pierre Stefanizzi, chef du Bureau du permis de conduire après maintes concertations avec des organistations syndicales des formateurs à la conduite, des inspecteurs du permis de conduire et des associations de motards, principalement la FFMC (Fédération Française des Motards en Colère).


Un accès progressif à la cylindrée avec une formation post permis

L'un des grands principes de cette réforme est de reculer l'âge d'accès direct à la grosse cylindrée (catégorie A), en imposant désormais 24 ans minimum pour les motards sans expérience, c'est-à-dire qui ne sont pas « permissés ». Dans le détail, la reforme est en réalité beaucoup plus subtile, puisqu'elle permet surtout l'accès à la catégorie A après deux ans d'expérience acquise avec le petit permis A2 (- 47,5 ch) et une formation post permis de 7 heures. Sur le papier, la catégorie A est donc aussi et surtout accessible à partir de 20 ans, mais après deux ans d’expérience et le retour à la moto-école pour une journée, l'expérience réelle a donc été largement privilégiée, comme pouvait le faire le permis 125, pour l'apprentissage de la conduite d'une moto de grosse cylindrée, il y a 25 ans.

Depuis le 3 juin 2016, le permis A n'est plus accessible directement, mais obligatoirement après deux ans avec le permis A2 et une formation poste permis.


Tous les permis A1 A2 et A déclinés en automatique

La grande nouveauté en 2013 est de pouvoir passer et obtenir tous les permis moto en automatique (A1, A2 et A), c’est-à-dire avec une transmission et un embrayage automatiques et donc sans boîte de vitesses. En suivant l'exemple de ce qui se pratique déjà avec le permis voiture, l'examen est le même, mais attention : le permis automatique permet la conduite uniquement des deux-roues automatiques, ce n'est donc pas une simple option pour passer l'examen. Un code restrictif 78 est alors apposé sur le permis « véhicule automatique uniquement". En revanche, ce permis « automatique » va permettre l'accès aux maxi scooters plus facilement pour une clientèle qui n'est pas forcément issue de l'univers de la moto, mais plutôt en provenance du monde de l'automobile. Cette nouvelle mesure va permettre d'attirer de nouveaux utilisateurs de deux-roues, car les produits et notamment les scooters existent déjà sur le marché alors que le permis “moto” rebutait une grande partie des candidats, qui se limitaient alors aux scooters 125. Reste encore le problème du temps nécessaire aux motos-écoles pour proposer les véhicules automatiques aux formations.
Une passerelle est également possible pour obtenir un pemris moto à boite mécanique à partir d'un permis automatique avec un code restrictif 78.
 


Un radar sur le plateau, plus de chronomètre ou presque...

Les examens pratiques hors circulation : freinage et évitement, connaissent pour leur part une profonde mise à jour avec de nouveaux parcours globalement plus simples mais beaucoup plus proche de la réalité et l’apparition du radar de vitesse pour imposer une allure minimale de 50 km/h ; La notion de vitesse étant il est vrai beaucoup plus pertinente que la notion chronométrique dans la conduite de tous les jours en moto. Une petite zone de flou subsiste sur le parcours à allure réduite où l'utilisation du chronomètre est laissée à l'appréciation de l'inspecteur, mais n'a rien de systématique dans les textes.


Le permis aborde enfin l’équipement du pilote et du passager

L'une des nouveautés du permis moto en 2013 concerne l'équipement pilote/passager désormais mieux pris en compte. Le casque, mais aussi maintenant les gants, doivent êtres homologués ou disposés de renforts et d'une fermture au poinet . Le blouson est également obligatoire et doit présenter des dispositifs réfléchissants, toutefois les protections coquées (dorsales, coudes et épaules) restent facultatives. A noter également que le pantalon comme les chaussures montantes sont également indispensables pour les épreuves du permis (plateau et hors circulation) : les bottes en caoutchouc et les coupe-vents ne sont pas acceptés ! Attention lors de l'examen, la non présentation des équipements obligatoires entraîne désormais l'ajournement à l'épreuve.
A noté que Permis Pratique vous propose un pack exclusif pour vous permettre d'acheter votre équipement à un tarif préférentiel.
 


Un examen universel pour toutes les catégories

Une chose importante, l'examen du permis moto est le même pour les trois catégories A1, A2 et A, y compris pour les véhicules automatiques en ce qui concerne les allures de passage (vitesse) et les parcours. Les premières informations en provenance des essais sur le terrain montrent néanmoins qu'avec les 125, peu puissantes, les candidats doivent se montrer très efficaces.


Une nouvelle sémantique

De nouveaux mots et expressions accompagnent le nouveau permis moto. Exit par exemple l'allure normale et bienvenue à “l'allure réduite” et à “l'allure plus élevée”. Sur le terrain, les termes de parcours “lent” ou de “rapide” appartiennent au langage du terrain des moniteurs et des élèves, ils devraient donc subsister même s'ils ne définissent plus la même chose.

À noter également, mais ce n'est pas une nouveauté, que l’expert désigne l'inspecteur du permis de conduire c'est à dire l'IPCSR.


Un permis moderne pour des motos actuelles

Comme pour le permis B (Auto), l’âge des motos d’apprentissage est désormais limité à 6 ans et la réforme vise à offrir des épreuves réalistes et réalisables avec des motos de séries notamment pour les slaloms. Une volonté louable qui devrait limiter les modifications des motos écoles et éviter les prototypes optimisés pour certains parcours. D'une manière générale, la définition moderne d'une moto a été prise en compte, notamment par rapport au freinage ABS qui n'est plus banni. La transmission automatique est également un élément de modernité du nouveau permis qui permet une ouverture sur l'avenir.


Des inspecteurs formés, mais pas obligatoirement les moniteurs

Les inspecteurs du permis de conduire ont été formés aux particularités du nouveau permis moto dès la fin de l'année 2012.
Pour les moniteurs des motos-écoles, les choses sont claires, car rien n'impose de formation à ce secteur privé, néanmoins beaucoup ont souhaité être labellisés par permispratique.com en suivant volontairement une formation reconnue pour sa qualité pédagogique et informative, organisée par l'association Ligne Droite et animée par Thierry Le PALLEC.

Une transition difficile ? Peut-être…

Pour les candidats aux permis motos, sur la période fin 2012 et début de 2013, certaines difficultés sont apparues entre les absences d'inspecteurs pour les examens et les carences de formation pour les moniteurs, la mise en place des nouveaux parcours et la définition des nouvelles catégories. Une période de transition plus ou moins floue est donc inévitable, ce qui est le cas sur cetains centres d'examens depuis le 19 janvier. Les choses se metttent néanmoins en place assez facilement.


Un permis AM BSR plus valorisant

Le BSR (Brevet de Sécurité Routière), première étape de la formation à la conduite des deux-roues, est également modifié, notamment par un nombre d'heures de formation qui passe de 5 à 7 heures. Le BSR est également dénommé permis AM et intègre le nouveau permis électronique en 2013. Finie donc la simple attestation, voici un support beaucoup plus valorisant pour son détenteur. En revanche, le permis AM n'est finalement pas concerné par le permis à points et n'impose pas l'épreuve du code de la route, piste évoquée un temps lors de la construction de la réforme. La partie théorique étant donc toujours l'ASSR 1 ou l'ASR, l’attestation scolaire donnée à tous les élèves ou presque après 20 questions très (trop) faciles.

INTERVIEW : Thierry Le Pallec a participé à l'élaboration du permis 2013 en étant consultant expert moto par sa fonction de responsable moto à l'UNIC (Union Nationale des Indépendants de la Conduite).

Spécialiste de la formation deux-roues par passion Thierry Le Pallec est le responsable de l'auto-moto école CER Camargue et Nemausus à Nîmes (30), nous lui avons demandé son avis sur le permis moto 2013. 

Permis Pratique : Ce nouveau permis est-il plus difficile ?

 

Le permis ne va pas être plus dur ou plus facile, il va être réellement plus concret et plus proche de l'utilisation d'une moto après le permis. Les deux principales nouveautés sont notamment l’obligation de l'apprentissage du patinage de l'embrayage pour le parcours lent, qui reste indispensable dans la conduite quotidienne d'une moto, mais également l'arrêt et le redémarrage en courbe.

Nous avons également progressé en intégrant le freinage ABS dans le programme, ce qui permet de coller à la réalité. Jusqu'à maintenant, l'ABS était tout simplement interdit. Le permis moto 2013 est en parfaite adéquation avec son temps, mais nous savons bien qu'il sera sans doute périmé dans 20 ans, comme l'actuel qui fonctionnait bien à ses débuts, mais qui avait perdu contact avec la réalité que nous rencontrons quotidiennement avec nos candidats. C'est aussi la fin du chronométrage et l'apparition du radar qui indique une allure minimum pour certaines épreuves. »

 

Permis Pratique : Comment avez-vous travaillé à la conception de ce nouveau permis ?

 

« Ce nouveau permis correspond exactement au contexte actuel en s'ouvrant largement sur les deux-roues automatiques et notamment les maxi-scooters, il permet une certaine ouverture sur l'avenir et les évolutions possibles des catégories.

Nous avons également essayé de construire un permis moto qui évite la modification des motos d'apprentissage (moto-école), en offrant des épreuves qui peuvent être réalisées avec une moto de série. Aujourd'hui la situation est paradoxale, mais certaines motos ne pouvaient techniquement pas passer les épreuves et nous avions sur les plateaux de véritables prototypes avec des braquets (rapports de transmission) ajustés pour tirer plus court, des butées de direction limées pour augmenter les rayons de braquage, voire le montage de roues plus petites. Cette réalité avait une conséquence importante, un même modèle de moto (même marque, même modèle) pouvait être bien différent entre celle du plateau et celle de la vraie vie. Le projet était de recoller à la réalité. »

 

Permis Pratique : Avez-vous été écoutés par l’administration ?

 

« Les discutions et les réunions ont été longues, mais je trouve aussi que l'administration a su écouter nos retours d'expériences. En argumentant et en démontrant la pertinence de nos propos, il était facile de faire avancer les choses. Je pense qu'il n'y avait pas de blocage chez nos interlocuteurs. Il faut aussi admettre que certaines difficultés et oppositions étaient de notre côté de la table car l'univers de la formation à la conduite privilégie parfois l'aspect économique à la qualité de l'enseignement. Sur ce point, je me suis beaucoup opposé à mes collègues. Le meilleur exemple concerne l'équipement, je souhaitais personnellement aller plus loin sur l'équipement, notamment en imposant le blouson coqué. Le résultat marque certes une prise de conscience sur ce point, mais il reste encore un peu de chemin à faire. J’aurais souhaité aussi et surtout une vraie partie théorique pour aborder les problèmes liés au comportemental qui représente plus de 90 % des accidents mortels) qui devrait remplacer les questions moto qui sont les trois quarts du temps complètement nulles. »


Jeudi 2 Juin 2016
Christophe Harmand


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