« Tout est Permis » : un film efficace sur le permis à points et le comportement des français au volant


C’est un film choc qu’a réalisé Coline Serreau sur le permis à points. S’il a pour principal décor les murs des stages de récupération de points, sa portée va beaucoup plus loin puisqu’il vise particulièrement les comportements à risques qu’il nous arrive d’adopter, parfois inconsciemment, en tant que conducteur. Heureusement, on apprendra que 90 % des français ont entre 10 et 12 points, chiffre plutôt rassurant. Mais les mauvaises habitudes et le sentiment d’invincibilité au volant restent tenaces pour une minorité, et ce déni peut coûter cher.



« C’est quand même les autres qui font plus d’erreurs que moi »

Très instructif, ce film documentaire nous immerge dans l’univers des stages de récupération de points où nous assistons entre autres aux réactions de stagiaires, qui, inévitablement, ne comprennent pas pourquoi ils sont là, comme s’ils venaient de se réveiller d’un mauvais rêve. Tantôt touchants, déroutants, ou drôles, ils nous renvoient comme un miroir certaines de nos pensées et de nos failles. Car le film pointe aussi du doigt là où ça fait mal : reconnaître que sur la route, lieu par excellence de partage mais aussi révélatrice de nos pulsions, nous nous obstinons quasi systématiquement à nier l’évidence lorsque nous sommes responsable d’une infraction, et à accuser l’autre et/ou l’État sans jamais nous remettre en question.

Un portrait à charge de notre société

Sont abordés sans concession bon nombre de préjugés : les prétextes invoqués pour rouler trop vite (le temps qu’on croit gagner, le véhicule qu’on croit maîtriser…), le sentiment d’impunité qui règne chez les infractionnistes (pour certains, tout est vraiment permis…), les idées reçues sur la dangerosité de la vitesse et notre sentiment d’être en sécurité dans notre voiture, ou encore la fragilité de la perception humaine (capacités visuelles, capacités à accomplir deux tâches à la fois)…
 
Le film s’appuie sur les propos de différents intervenants aussi bien pour que contre le permis à points (spécialistes de la sécurité routière, défenseurs des automobilistes, professeur de médecine en accidentologie, avocat, association contre la violence routière) mais aussi sur des expériences concrètes qui laissent sans voix ou encore des témoignages de victimes d’accidents de la route. Au fil du documentaire, les idées reçues tombent à une à une, nous poussant dans nos retranchements et nous forçant à reconnaître que certaines de nos convictions résultent au choix d’une mauvaise foi ou d’une ignorance manifestes.

Un appel à changer les mentalités

« Tout est permis » pousse indéniablement à une prise de conscience nouvelle et interpelle notre bon sens, tout comme notre sens critique. Ce qu’on y apprend nous laisse parfois perplexes, à l’image de ces stagiaires filmés pour l’occasion. Se pose bien vite la question de sensibiliser toujours plus en amont les jeunes conducteurs et futurs conducteurs sur le partage de la route et sur la réalité des dangers que peuvent induire certains comportements.
 
Le documentaire souligne également combien notre société valorise encore beaucoup certains clichés qui véhiculent des comportements à risques, comportements bien vus à tort car assimilés à de la « virilité » : grosse voiture, vitesse à tout prix, surestimation de soi, domination et  volonté de s’imposer quoi qu’il en coûte, ou encore notion de plaisir au détriment de l’autre… Comme le dit si bien l’un des intervenants du film, « le plaisir, c’est au pieu qu’on doit le prendre ou sur un circuit, pas sur la route ».
 
Un film « cash » sans pour autant être moralisateur mais bienveillant, qui fait réfléchir et qui mérite que chaque conducteur ou futur conducteur s’y attarde.

Sortie officielle mercredi 9 avril 2014


Nina Belile est l'auteure de ce sujet, ainsi que du livre Permis de galérer.

Le passage du permis B (auto), elle le connaît mieux que quiconque pour l'avoir obtenu en 2011 à l'âge de 30 ans, après un très long chemin semé d’embûches en tous genres.

Dix moniteurs différents, pas moins 118 heures de conduite, 6 000 € et la réussite en tant que candidat libre, au total son permis de conduire lui est revenu en termes de temps au passage d'un BTS (2 ans).

Si elle dénonce les failles du système d'apprentissage de la conduite en France dans son ouvrage, Nina Belile a également la volonté de faire partager sa longue expérience et ses conseils aux autres candidats dans les colonnes de Permis Pratique comme journaliste.


Retrouvez aussi Nina Belile sur le site web dédié à son livre : Permis de galérer

Mardi 25 Novembre 2014
Nina Belile


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