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Colère des auto-écoles : une crise économique et idéologique !


Les récentes allocutions du président de la République, du gouvernement et un rapport parlementaire sur la future loi mobilité ont mis vent debout les auto-écoles. En révolte, les centres d'apprentissage veulent défendre les intérêts d'une profession en plein bouleversement.


"Un plan de sauvegarde de la profession et une réglementation pérenne et strictement respectée par tous les acteurs de l'éducation routière". Lundi 17 novembre, jour de grève pour des dizaines d'auto-écoles, le Syndicat national des indépendants de la conduite (UNIC) a été reçu à l'Élysée pour faire part de ses revendications. L'accueil du syndicat a été effectué par le conseiller environnement, énergie et transport de la présidence de la République. L'homme est au cœur du projet loi mobilité qui ouvre un large chantier sur la place des transports et leurs réglementations au sein de l'hexagone. Sa rencontre avec le syndicat des moniteurs de conduite se réalise dans un moment critique. Pour la profession, la concurrence des auto-écoles en ligne ainsi que les probables économies souhaitées par Emmanuel Macron se présentent comme des orientations politiques "qui démantèlent l'enseignement de la conduite jusqu'à ses fondements, jetant le trouble sur une profession en crise".
 

Une clientèle qui s'éloigne

Après les taxis, la tubérisation du secteur de l'enseignement de la conduite commence à se faire sentir pour les auto-écoles physiques. En moins de deux ans, des sociétés en ligne telles qu'Ornikar – dont un certain Xavier Niel a déjà investi 10 millions d'euros – ou encore "En voiture Simone" ont trouvé leur clientèle, via un modèle économique organisé autour de moniteurs d'auto-écoles à leur compte, ainsi qu'un apprentissage du Code de la route effectué sur Internet. Il n'y a pas de flotte de véhicules, peu de locaux et une absence de contrat salarial. Ces enseignes tirent les prix vers le bas, mettant dans le vent les auto-écoles physiques en termes de coût voire des planifications des heures de conduite, tant les auto-écoles en ligne proposent des horaires allant jusqu'au début de soirée et les dimanches.
En décembre à Montpellier, Patricia Rey de l'auto-école CEC34 interrogée par Midi Libre déclarait avoir eu "une baisse drastique des inscriptions". Au même endroit, le responsable de l'auto-école Rimbaud précisait que ces auto-écoles en ligne "sortent des cours à 35 euros de l'heure là où, nous, on est à 45 euros".

Un apprentissage loin des auto-écoles ?

Par ailleurs, l'arrivée d'une offre moins chère sur le marché n'est pas la seule crainte des écoles de conduite. Lors de sa réception à l'Élysée, le syndicat de l'UNIC a mis l'accent sur une allocution du président Macron qui n'est pas passée inaperçue dans les centres d'auto-écoles. La "baisse drastique du coût du permis de conduire" a très vite mis en lumière le projet d'apprentissage du Code de la route au sein des lycées. Cette hypothèse de baisse du prix du permis vient s'ajouter à l'externalisation de son examen dans les centres de la Poste de chaque ville. Pour les professionnels de la conduite, ce genre de transfert des compétences délaisse les auto-écoles d'une part de leurs revenus non négligeables, tout comme d'une perte de qualité dans la formation des élèves. Le Code de la route 100 % sur Internet ne vient pas aider, et l'apprentissage des règles de conduite loin des auto-écoles est jugé comme dangereux.

Quelles solutions ?

Une baisse drastique, par la diminution de la TVA.
Une réduction d'au moins 300 euros du permis de conduire pourrait être appliquée en baissant la TVA à une hauteur de 5,5 % sur le prix, au lieu des 20 % d'actualité. Cela permettrait à la formation à la conduite de rejoindre d'autres filières de formations taxées à ce niveau. Au même titre, l'UNIC a demandé à l'Élysée une défiscalisation totale de l'essence pour les auto-écoles.

Un code de déontologie applicable par tous.
Enseignes et plateformes en ligne doivent être encadrées par les mêmes contraintes. À ce jour, le décalage risque de "tuer nos emplois et mettre en danger les élèves" regrettait Philippe Colombani, président de l'UNIC.

La mise en place d'une obligation de posséder un local d'enseignement.
Pour le syndicat, le suivi de l'élève ne peut se faire sans disposer d'un lieu physique où les réunions pédagogiques peuvent être effectuées.

La poursuite de la labellisation.
Suite à la loi "Macron" sous la présidence de François Hollande, un label de qualité recensant 10 % des auto-écoles en France doit poursuivre son application. Le dispositif serait un moyen de maintenir un lien de transparence et de garantie de qualité envers l'État.

Allier économie et qualité d'enseignement
Si cette rencontre entre le syndicat de l'éducation routière et l'État avait été la première consacrée à l'avenir de l'apprentissage de la conduite, elle ne devrait pas être la dernière. Dans les intérêts de l'élève comme de certaines enseignes d'auto-écoles, le but sera d'arriver à un compromis entre un prix plus économique pour l'apprenti conducteur et un gage de qualité d'apprentissage conservée. Une nécessité pour la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC), jugeant "qu'animer des salles de Code par des cours collectifs est le meilleur moyen d'agir sur les consciences et les comportements. Un écran d'ordinateur et un questionnaire à cocher seuls ne peuvent le faire correctement, même si évidemment, ils coûtent moins cher".

À suivre.

Mardi 5 Février 2019
Hadrien Augusto



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