Scooter électrique : branché mais utopique !


Si le roi de la ville est bel et bien le scooter, reste à connaître les développements futurs de la formule notamment en matière d’énergie pour le faire fonctionner. L’électricité, loin d’être une nouveauté, est remise au goût du jour aussi bien par les constructeurs que les pouvoirs publics, Permis Pratique fait le point sur cette énergie à la mode.


Annoncée depuis plus de 30 ans, la fin du pétrole semble aujourd’hui se préciser, d’une part par un appauvrissement des réserves, même si les informations restent contradictoires sur le sujet, mais surtout par l’impact sur l’environnement lié à son utilisation. Aujourd’hui, la période du « tout pétrole » est belle et bien révolue. Nous sommes rentrés dans une nouvelle ère, celle de la transition et de l’évaluation de nouvelles énergies.
Si le pétrole était universel, il est certain que son remplacement va se faire progressivement par plusieurs énergies en fonction de leurs destinations et du lieu géographique de leur consommation. L’électricité étant ainsi, au même titre que les bio-carburants une piste envisagée à très court terme pour les déplacements individuels motorisés (2 et 4 roues).
Néanmoins le scooter, véhicule urbain par excellence, semble pourvoir s’adapter assez facilement à cette énergie, notamment du fait des déplacements relativement courts et limités, permettant d’éviter les deux écueils de la formule qui sont autonomie et temps de recharge. Voilà le discours officiel.

Une technologie qui progresse, mais lentement

Avec la propulsion électrique, si le fonctionnement en lui-même ne pose pas de problème, mais aussi avec des moteurs efficaces et performants permettant de rivaliser au moins déjà avec les petites cylindrées, la véritable contrainte est celle du stockage de l’énergie. Recharger des batteries de 4 à 8 heures reste une véritable pénitence, même avec une place de stationnement équipée d’une borne de rechargement. Brancher, débrancher et mettre sa carte d’abonné revient exactement à faire le plein tous les jours avec un scooter thermique, impensable ! Sans borne de rechargement, il vous faut carrément le chargeur encombrant et lourd pour vous relier à une simple prise de courant. Du coup, les constructeurs notamment chinois ont imaginé de pouvoir emporter les batteries (10 kilos) du scooter pour les recharger à la maison ou au bureau.
Face aux 5 minutes par semaine pour faire le plein d’un thermique, il faut être très motivé pour rouler électrique. Bref la technologie doit encore progresser et si les lourdes batteries au plomb restent peu performantes, elle sont économiquement abordables à l’inverse des batteries au nickel cadmium ou nickel hydrure et de la dernière technologie lithium ion affichée à des coups prohibitifs pour des petits scooters.
Au problème des coûts s’ajoute celui du recyclage de ces batteries. Si l’on veut une protection de l’environnement efficace, il ne faut pas se contenter de se préoccuper de l’usage du véhicule, mais aussi de sa fabrication et de son retraitement ; Un aspect global qui avait démontré suivant une étude américaine effectuée par CNV marketing que la Toyota Prius hydride était finalement plus polluante que le 4x4 Hummer.

Le cas Vectrix

Toujours aux Etats-Unis, Vectrix, le scooter électrique à la pointe de la technologie et commercialisé en Italie, symbolise bien les difficultés de la propulsion électrique. Ce scooter très haut de gamme vendu 11 000 € ! (Le prix le plus élevé pour un scooter) avoue un poids de 210 kilos et une masse plus importante que le TMAX. Capable de rouler à 100 km/h en pointe, le Vectrix ne promet néanmoins que 110 kilomètres d’autonomie à 40 km/h à vitesse stabilisée, une performance impossible à réaliser dans la circulation urbaine. Résultat : même pas les performances d’un 50 cm³, l’encombrement d’un maxi scooter et les servitudes d’un rechargement quotidien... alors vous signez pour la Rolls des scooters électrique ?

Fini la prime de 400 euros

Aujourd’hui si vous avez la volonté d’acheter un scooter électrique, sachez que l' aide de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) n'existe plus depuis 2011.
L’espace mobilité électrique de la ville de Paris, offre la liste des 29 bornes de rechargement dans la ville et obtenir la carte permettant la gratuité du rechargement. Attention, beaucoup sont situées dans des parkings souterrains ce qui à deux conséquences : il existe parfois des horaires de fermeture et d’autre part, si l’électricité est gratuite, la place de stationnement quant à elle reste payante.

Toujours selon l’espace mobilité électrique de la ville de Paris, le coût pour rouler sur 40 kilomètres (comme par hasard) revient avec un scooter électrique à 58 centimes d’euros, quand le thermique monte à 2 euros, en prenant en compte uniquement consommation et entretien, mais en occultant tout le reste.
Sur le plan national, certaines municipalités « encouragent » le scooter électrique, citons notamment La Rochelle, ville pilote dans le domaine. Bref, à ce jour force est de constater que le scooter électrique n’est pas encore arrivé à maturité sur le plan technique pour rivaliser avec le scooter thermique. Tout au plus, il peut être envisagé pour un usage très local dans un centre ville, mais certainement pas comme une solution alternative crédible. Il faut bien reconnaître enfin que derrière le discours politique, sa mise en pratique est encore très utopique.

Jeudi 12 Juillet 2012
© Permis Pratique


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