Kawasaki 300 Ninja : La furie verte

Essai Kawasaki 300 ninja 2016


Sur le papier et donc sans l'essayer, la Kawasaki 300 Ninja suscite beaucoup d’interrogations. Avec elle tout est sujet à caution, sa cylindrée, sa position de conduite et en réalité sa capacité à générer des sensations. Après l'avoir essayé, vous avez tout oublié et vous en voulez une.


Au premier contact visuel, la 300 Ninja impressionne ou plus exactement cache très bien son jeu. Seul un œil exercé va reconnaître la taille des pneus et l'identifie tout de suite, les autres imaginent une moto qui cube gros. Il faut dire que Kawasaki à tout fait pour ne pas fourvoyer le patrimoine en or massif de la lignée Ninja avec une petite cylindrée à la con. Dans le détail, la 300 entièrement carénée et réalisée avec soin est surtout truffée de technologies. Le mini moteur de tout juste 296 cc, mais ses deux cylindres, ses deux arbres à cames en tête, ses huit soupapes et surtout son injection avec une admission d'air à doubles papillons respire super fort et développe au final la bagatelle de 39 ch à 11 000 tr/min. À ce niveau, le seuil maxi du permis A2 de 47,5 ch n'est pas très loin, surtout que le poids de 174 kilos avec le plein est carrément ultra léger.


 

En secret, la 300 Ninja exploite méticuleusement ses 39 ch en prenant les tours et jusqu'à 12 000, tu te rends compte, une vraie moto de course ! De plus, son allonge est incroyable et si vous pensiez comme moi être obligé de jouer du sélecteur pour rester dans une plage d'utilisation minuscule, nous avions tout faux, le moteur accepte aussi les bas régimes et reprend les tours avec la furie des grosses cylindrées énervées toute rouge.
Résultat des courses, « baby » Ninja n'est surtout pas « tortue » Ninja et c'est même un « avion » qui vol au moins aussi vite que n'importe quelle moto du permis A2. Du coup, l'argument raisonnable de la petite cylindrée vole aussi en éclat, autant le savoir. Avoir un rendez-vous avec la 300 est avant tout en avoir un avec une authentique Ninja, c'est-à-dire avec une machine de SuperSport et avec le pot Akra en option, vous avez même doit aux harmoniques qui vont avec, c'est encore modeste, mais l'esprit est là.
 

Incroyablement facile

En bref, rouler avec la 300 Ninja est plutôt très sympa, vous pouvez même affronter l'autoroute et les voies rapides sans problème, belle surprise. Évidemment en ville, elle aussi incroyablement maniable, légère et facile d'accès avec une faible hauteur de selle de 785 mm. D'ailleurs, tout aussi étonnamment, la position de conduite est plutôt très bien étudiée et finalement assez éloignée des principes des ultras sportives en permettant un dos assez droit, pas trop sur les poignets et donc plutôt reposante. En fait, vous avez l'impression d'être au guidon d'un roadster plutôt que d'une sportive, mais l'honneur est sauf, même les grands gabarits ne ressemblent pas à des « crapauds sur des boites d’allumettes », l'une des angoisses de la petite cylindrée. La selle est enfin plutôt confortable pour sa taille.

Accessible à toutes les expériences de la conduite moto, la Kawasaki 300 Ninja est la moto A2 la plus amusante à piloter, elle ne dispose pas en revanche des équipements facilitant la vie des débutants comme l'indicateur de rapport engagé. D'ailleurs à ce propos, les témoins du tableau de bord sont trop peu visibles en plein soleil. La commande d'embrayage est la plus légère du monde, elle intègre par ailleurs un système antidrible qui évite les blocages de la roue arrière en cas de rétrogradage violent. Fait pour la performance, l'embrayage assisté FCC peut néanmoins pardonner quelques erreurs de grands débutants. Évidemment, la 300 dispose d'un freinage ABS, son module est d'ailleurs le plus petit du monde. Néanmoins, la vraie sécurité de la 300 Ninja vient de sa facilité de conduite et de sa précision, mais aussi de sa stabilité à haute vitesse.

 

L'avis de Permis Pratique

Valorisante d'aspect, la Kawasaki 300 Ninja partage surtout l'esprit de performance de la lignée Ninja et l'exercice était loin d'être gagné, tant les compromis sont en réalité importants à faire dans cette catégorie. Grâce à la technologie, il n'y pas seulement l'autocollant Ninja, mais les sensations qui s'y rattachent et puis comme c'est Kawa c'est canaille. Véritable plaidoyer pour la petite cylindrée, la 300 permet de débuter en s'offrant de très belles sensations, c'est même la seule Ninja exploitable à fond, sans atteindre des vitesses stratosphériques. À l'inverse d'un ZX-6R et encore plus d'un ZX-10R, la 300 n'est jamais « frustrante » mais toujours amusante, une grande qualité finalement. Forcément une proposition aussi intéressante se paye au prix fort de 5 649 € plus 585 € pour le pour pot Akrapovic ou 720 € pour l'Édition Performance avec en plus une bulle plus efficace, un capot de selle passager, bref tout pour jouer dans la cour des grands.

Les points forts
  Petit moteur ultra efficace, disponible à bas régime et puissant ensuite. Véritable Supersportive à conduire et à piloter. Moto valorisante d'aspect offrant une position de conduite agréable. Accessible à toutes les expériences, mais comportement vif et précis. Polyvalence d'usage entre la ville, la route, mais aussi l'autoroute.

Ses petits défauts
  Témoins du tableau de bord peu visibles et indicateur de rapport engagé absent. Tarif conséquent pour la cylindrée. Moteur forcément sollicité à l'usage, donc entretien soigné indispensable.

Fiche technique Kawasaki 300 Ninja 2016

2 cyl. en ligne/296cc/6 rapports 39 ch à 11 000 tr/min 27 Nm à 10 000 tr/min Hauteur de selle 785 mm/174 kilos (avec l'ABS) Réservoir de 17 litres

L'humour selon Kawasaki pour la promo de la 300 Ninja

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Kawasaki a beaucoup d'humour pour la vidéo de sa petite Ninja en utilisant une Chevrolet Camaro SS (1967/1969). Un œil expert aura évidemment remarqué qu'il s'agit d'une version 350, ce qui indique en réalité la cylindrée de 350 Cubic Inch, soit tout simplement 5,7 litres de cylindrée, 19 fois la taille du moteur de la 300 Ninja.
En dépit de sa taille importante à nos yeux, ce moteur V8 de 295 ch était le plus « petit » pour la SS et reste considéré comme un small block. Les gros moteurs de la SS étaient les 396 C.I. (6,5 litres de cylindrée et 350 ch) et le 427 C.I. de 7 litres de cylindrée et de plus 420 ch et pouvaient prétendre à la dénomination « big block ». Dans ce dernier cas, comptez alors 23 fois la taille du moteur de la 300, le small block de la gamme Ninja !

Vendredi 14 Octobre 2022
Cynthia Kremer


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