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Les délires secrets du Ministère de l'Intérieur pour obtenir bientôt le permis de conduire


Une réforme importante du permis de conduire auto et de son apprentissage est en préparation et les premières informations qui ont filtré ont de quoi faire très peur pour les futurs candidats. Formation plus longue et donc plus chère, période probatoire sévérisée, introduction du post permis, le rêve de l'accès à la conduite simplifiée n'est pas pour demain dans ce projet.


Si le permis auto est un parcours déjà semé d’embûches, celui-ci pourrait devenir dans un futur proche (2015) un véritable un parcours du combattant, avec l'instauration d'un super permis probatoire de deux ans et l'obligation d'une formation post permis supplémentaire de 8 heures avec 4 rendez-vous pédagogiques en deux ans, en plus bien évidemment des 20 heures déjà obligatoires. En résumé, le temps de formation minimum pourrait passer au final de 20 à 28 heures. Dans un langage clair, le Ministère de l'Intérieur étudie actuellement un futur permis de conduire beaucoup plus cher, plus restrictif, plus compliqué et alors que le groupe de travail du Conseil National de la Sécurité Routière réfléchissait initialement à des mesures pour réduire les délais d'attente des candidats et donc régler la carence des places d'examen.

Dans le détail, il semblerait que le CNSR étudie en réalité et sans l'avouer bien évidemment à une forme de semi-privatisation de la délivrance du permis, cette dernière ne serait plus le résultat d'un examen unique, mais d'un « parcours ». Le concept serait de conserver le passage devant l'inspecteur, mais de vider de sa substance cet examen et de faire une sorte de contrôle continu avant et nouveauté après le passage du permis directement par les auto-écoles. D'ailleurs, ce n'est sans doute pas un hasard, mais le syndicat SNICA-FO est déjà en embuscade pour dénoncer les travaux du CNSR en ayant déjà quitté les discussions en cours et alors que la division guette désormais l'unité des premières heures affichée par les syndicats d'auto-école venus parler du problème des places d'examen.

Toujours un examen du permis de conduire, mais différent

Si l'examen du permis de conduire est conservé, il serait largement modifié, notamment en introduisant une discussion ou un débriefing entre inspecteur, enseignant et candidat. Une véritable révolution pour l'examen où actuellement chacun restait à sa place. L'inspecteur pourrait perdre sa responsabilité à part entière à mettre un candidat sur la route. Le projet semble aller vers un examen plus facile, sauf que même simplifié, l'examen sera toujours indispensable.

Un permis probatoire ultra sévère qui n'est pas un vrai permis de conduire

Le CNSR semble néanmoins conscient du risque de vider de son côté solennel l'examen du permis de conduire en instaurant une période probatoire de deux ans ultra sévérisée avec de très nombreuses idées de restrictions. Comme un taux l'alcool à 0, des limitations de vitesse spécifiques, l'interdiction de transporter des passagers ou de circuler à certaines heures, la nuit par exemple. Dans les faits, rien n'est encore fixé, mais tout semble possible. Il apparaît assez clairement que le concept serait de « donner » facilement le permis avec un examen dénaturé, mais un permis qui serait en réalité un « demi » permis de conduire. Ne rigolez pas, mais les mérites du système autrichien de délivrance du droit à la conduite sont cités en exemple pendant les réunions du CNSR, sans démontrer qu'il soit transposable aux mentalités françaises.

Si de telles mesures venaient à entrer en vigueur, combien de jeunes permis se retrouveraient rapidement hors jeu ou dans l'illégalité en suivant l'exemple actuel du permis à point et de sa période probatoire qui écarte déjà beaucoup de jeunes permis. A l'heure du covoiturage, des capitaines de soirée, l'idée du demi-permis pourrait finalement aussi hypothéquer 20 ans de sécurité routière auprès des 18-25 ans tout en étant un frein à l'insertion professionnelle, car le permis se passe aussi de plus en plus tard à l'heure de l'entrée dans la vie active.

Un permis probatoire avec 4 rendez-vous pédagogiques.

En plus de son « demi » permis pour deux ans, le jeune conducteur serait dans l'obligation de suivre 8 heures de formation à raison de 2 heures tous les 6 mois. Ce principe de l'apprentissage post permis est en soit une bonne chose sauf qu'il rajouterait un coût à un permis déjà cher. Nous pouvons déjà estimer et alors même que le contenu de ses formations n'est pas encore établi que le surcoût est de 400 à 600 euros pour une formation à la conduite déjà onéreuse. Dans le groupe de travail, l'idée est de mettre à contribution les assureurs, bonne idée sur le papier, mais qui pourrait finalement favoriser ou défavoriser certaines auto-écoles par le jeu des réseaux nationaux. Au final, le candidat risque de payer la facture.

Un renforcement de l'apprentissage anticipé de la conduite.

L'AAMC, l'apprentissage accompagné à la mobilité citoyenne est un autre projet du groupe de travail du CNSR qui pourrait être largement favorisé dans le cadre d'une réforme finalement bien plus vaste autour du permis de conduire. L'AAMC se déroulerait en trois phases sur une durée de trois ans et pourrait débuter à partir de 15 ans.

Dans la première phase, le candidat pourrait obtenir un « permis d'apprenti conducteur » qui serait en réalité le livret d'apprentissage actuel après une formation théorique de 8 heures (4 modules de 2 heures). Le bazar devra aborder la prise de conscience des comportements sécuritaires, coopératifs et responsables. Reste donc à trouver le moyen de le faire avec le public visé.

La phase deux est globalement la formation actuelle des 20 heures, mais avec différentes réorganisations et introduction du coaching appliquée à l'enseignement de la conduite et découpe en trois étapes :
 
  • Apprentissage accompagné et Conduite dirigée (4 heures théoriques / 4 heures de pratique)
  • Apprentissage accompagné et conduite semi-dirigée permettant de se présenter à l'examen du code (6 heures théoriques / 6 heures de pratique)
  • Apprentissage accompagné et conduite semi-dirigée et mise en autonomie permettant présentation à l'examen pratique (5 heures théoriques / 5 heures de pratique)
La phase trois regroupe en réalité les modalités de délivrance du permis probatoire à partir de 18 ans. Le permis probatoire serait celui décrit plus haut.
 
  • Avec une période d'un an d'apprentissage accompagné coaché, il faudrait faire un rdv pédagogique à la délivrance du permis probatoire, puis un second rdv entre 4 et 6 mois.
  • Sans une période d'un an d'apprentissage accompagné coaché, il faudrait faire un rdv pédagogique à la délivrance du permis probatoire, puis un rdv tous les 4 et 6 mois jusqu'à la fin de la période probatoire.
Pour la délivrance définitive du permis, l'examen imaginé est une évaluation de l'enseignant de la conduite assisté d'un inspecteur.

En résumé, les différents projets dans les cartons du ministère ne sont encore que des ébauches, mais s'ils devaient aboutir, il est certain que l'accès à la conduite sera encore plus compliqué et coûteux. Il est évident que les problèmes des candidats ne sont clairement pas au centre des préoccupations du CNSR.

Vendredi 25 Février 2022
Christophe Harmand



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